PAR ALEXIS BOUDAL
(BRAND)

Dans le monde du branding, les tendances vont et viennent. Le « Gradient » a eu son heure de gloire, le « Bento UI » est partout sur les écrans… Mais il existe une approche qui traverse les décennies sans prendre une ride, constituant l’épine dorsale des plus grandes identités visuelles mondiales (d’Apple à la signalétique du métro new-yorkais) : le Style Suisse, ou Style Typographique International.

Pour une PME ou une startup qui cherche à asseoir son expertise et inspirer une confiance immédiate, ce n’est pas un choix esthétique rétro. C’est une décision stratégique de clarté.

Plongée technique dans les mécanismes de ce style et pourquoi il est plus pertinent que jamais pour votre territoire de marque.

26.11.25

↓ Poursuivre la lecture

Plus qu’un style, une philosophie fonctionnelle

Né dans les années 1950 en Suisse (sous l’impulsion de l’École de Zurich et de Bâle), ce mouvement repose sur un principe fondamental : la forme suit la fonction. Le design ne doit pas être décoratif ; il doit être un vecteur d’information pur.

Pour une entreprise, adopter les codes du Style Suisse, c’est envoyer un signal fort : « Nous sommes structurés, nous sommes objectifs, nous sommes efficaces. »

Mais concrètement, sur quels piliers techniques repose-t-il ?

1. La dictature bienveillante de la Grille (The Grid)

C’est le secret technique le mieux gardé des designers experts. Le Style Suisse ne place jamais un élément au hasard. Tout repose sur une grille modulaire mathématique.

Loin de brider la créativité, la grille libère le contenu. Elle permet d’organiser des informations complexes (rapports annuels, sites web denses, catalogues produits) avec une harmonie visuelle parfaite. Pour le spectateur, l’effet est inconscient mais puissant : une sensation d’ordre, de calme et de maîtrise. Si votre entreprise gère des données complexes ou des services techniques, la grille est votre meilleure alliée pour rendre votre offre lisible.

2. La Typographie comme voix de la vérité

Oubliez les polices manuscrites ou décoratives. Le Style Suisse privilégie les typographies sans-serif (sans empattements), comme l’Helvetica, l’Akzidenz-Grotesk ou l’Univers.

Pourquoi ? Parce que ces caractères sont considérés comme « objectifs ». Ils ne distraient pas l’œil. Ils présentent l’information de manière factuelle. Dans un contexte de branding B2B, l’utilisation exclusive d’une typographie sans-serif, jouant sur les graisses (Bold, Light, Regular) et les tailles pour créer la hiérarchie, démontre une confiance absolue en son message. Vous n’avez pas besoin d’enjoliver la réalité, car votre produit se suffit à lui-même.

3. L’espace négatif (White Space) : Le luxe de respirer

C’est souvent ce qui effraie les clients non avertis : « Il y a beaucoup de vide ici, on pourrait grossir le logo ? » Le designer expert en Style Suisse vous répondra que ce n’est pas du vide, c’est de l’espace actif.

L’utilisation massive de l’espace blanc permet de focaliser l’attention sur l’essentiel. C’est un code de luxe et de sophistication. Les marques bas de gamme crient et remplissent tout l’espace. Les marques leaders chuchotent et laissent respirer leur contenu.

4. La photographie objective

Pas de filtres Instagram, pas d’effets artificiels. Le Style Suisse utilise la photographie de manière documentaire, claire et honnête. L’image doit servir le propos, montrer le produit ou l’humain tel qu’il est, avec une composition rigoureuse.

Pourquoi adopter cette approche pour votre PME en 2025 ?

Vous pourriez penser que ce style est austère. Au contraire, à l’ère du bruit numérique permanent, la clarté est devenue une valeur refuge.

  • Pour l’UX/UI Design : Les principes du Style Suisse (grilles, lisibilité) sont les fondements du design d’interface moderne. Une marque construite sur ces bases sera nativement adaptée au digital.

  • Pour la longévité : En refusant les effets de mode, vous construisez un territoire visuel qui sera encore pertinent dans 10 ans. C’est un investissement pérenne.

  • Pour l’autorité : C’est le langage visuel des institutions, des grands laboratoires et des architectes. L’adopter, c’est capter cette aura de sérieux.

Conclusion : La complexité résolue

Faire simple est ce qu’il y a de plus compliqué. Le Style Suisse demande une maîtrise technique parfaite, car la moindre erreur d’alignement ou de typographie se voit immédiatement. Il n’y a aucun artifice pour cacher la médiocrité.

C’est pour cela qu’il est puissant. Il prouve que votre entreprise a le souci du détail et la volonté de transparence.